« Femmes sous-représentées dans le paysage politique suisse », «Automne morose pour les femmes en politique », … Voilà ce qu’on peut lire depuis quelques temps dans les médias suisses. Le 19 octobre 2015, nous allons certainement nous réveiller avec une impression désagréable de retour en arrière! La représentation féminine, déjà loin d’être paritaire, va semble-t-il encore reculer. En effet, les sondages nous le montrent : la droite va progresser. Et quand la droite gagne, les femmes perdent.

Pourquoi en est-on encore là aujourd’hui ? 44 ans après l’octroi de droit de vote aux femmes (ou devrions-nous plutôt dire, la fin d’un privilège masculin !). 31 après l’élection de la première femme au Conseil fédéral. Et aussi après une courte majorité féminine au Conseil fédéral.

C’est une réalité, la politique est encore un monde dominé par les hommes. Les femmes ont du mal à y faire leur place, surtout à droite de l’échiquier politique. Et lorsqu’elles y parviennent, les obstacles sont encore de taille. Lorsqu’elles sont interviewées, c’est rarement sur des questions de fonds : on demande plutôt aux candidates comment elles parviendront à siéger, en ayant de petits enfants à domicile. On se demande si la sensibilité féminine saura résister aux assauts virils de la politique. Et que dire des aspects techniques des dossiers !

Au lieu de remettre en question le fonctionnement même de la politique et sa conciliation avec une réalité familiale, les médias cherchent des explications d’ordre biologique. A quelques jours des élections, on regrette, on déplore le peu de candidates, on s’interroge. Peut-être est-ce lié au manque de confiance en soi spécifique aux femmes ? Ou encore, on met en avant la grande charge de travail demandé au Conseil des Etats, ce qui rebuterait les femmes, qui auraient de la difficulté à concilier cette charge avec leur vie familiale.

Si nous voulons un jour atteindre une représentation équilibrée de notre société à tous les niveaux politiques, une prise de conscience doit avoir lieu. En première ligne au sein des partis, qui doivent soigner leur relève féminine, et assurer un soutien à leurs élues au même titre que leurs membres masculins. Les médias également ont un rôle important à jouer dans cette prise de conscience.

Les jeux sont déjà faits pour ces élections. Les femmes, nous le craignons, y perdront beaucoup. Mais, espérons-le, ce retour en arrière permettra-t-il une nouvelle mobilisation.

Aujourd’hui, nous souhaitons toutefois attirer l’attention sur une réalité. Il y a, dans notre pays, de nombreuses femmes qui s’engagent en politique et qui prennent et assument des responsabilités. Qui sont en charge de dossiers, techniques ou non. Qui n’hésitent pas à débattre, à croiser le fer avec leurs homologues, hommes ou femmes.

Si nous voulons tordre le cou à cette image qu’ont les femmes en politique, et surtout, mettre un frein à la chute du nombre de femmes qui s’engagent, alors il est temps de l’aborder avec un élan positif. De mettre en avant des femmes qui se sont engagées et qui s’engagent encore, qui partagent leur passion, et parviennent à faire bouger les choses !

C’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 18 octobre, nous allons publier des portraits de femmes engagées qui font ou ont fait évoluer la société par leur engagement politique.

Et dès le 19 octobre, nous reprendrons le travail. Pour qu’enfin, une représentation équilibrée des femmes en politique ne soit plus un thème, mais une réalité !