1/06/2013
En principe, le système de retraites devrait couvrir tout le monde de la même manière et ne pas favoriser un sexe au détriment d’un autre. Il devrait également garantir l’indépendance économique de chacun, femme ou homme. Le montant des rentes est défini en fonction de l’accès à une activité rémunérée, et là non plus, il ne doit pas y avoir de discrimination sexuelle.Or, en Suisse, les femmes sont victimes d’une telle discrimination, comme le montre la dernière étude sur l’égalité salariale. Les femmes gagnent en moyenne 1800 francs de moins par mois, dont 677 francs relèvent des discriminations. Cela équivaut à 7,7 milliards de francs par an gagnés par les employeurs sur le dos des femmes. De même, ce sont elles qui fournissent la plus grande partie du travail ménager et familial. Par conséquent, une discussion sur l’égalité de l’âge de la retraite ne peut être envisagée tant que les discriminations du monde du travail n’auront pas été éliminées.
Compte tenu de la réforme proposée au Conseil fédéral, les Femmes socialistes considèrent qu’il ne peut y avoir une entrée en matière sur l’élévation de l’âge de la retraite des femmes tant que les conditions suivantes ne sont pas réalisées:
- Egalité salariale : le principe constitutionnel de l’égalité salariale doit être respecté : les hommes et les femmes doivent percevoir un salaire égal pour un travail égal ou de valeur égale. Le meilleur moyen de mettre en œuvre ce principe est d’attribuer ce contrôle aux commissions tripartites.
- Compatibilité entre travail et famille. Congé parental et places d’accueil : la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle et la garde d’enfants ou les soins à d’autres membres de la famille doivent être possibles pour les femmes comme pour les hommes. Cela implique l’introduction d’un congé parental de longue durée, rémunéré et reconnu comme temps de travail dans le contexte de la prévoyance vieillesse. Cela implique également une place d’accueil pré- et parascolaire pour chaque enfant. Les places d’accueil doivent être introduites à grande échelle et accessibles à tous les revenus Les moyens dégagés par une augmentation de la retraite des femmes devraient s’élever environ à 800 millions par an. Ces moyens doivent être impérativement réalloués pour mettre en place un dispositif d’envergure en matière d’égalité.
- Retraite anticipée : La flexibilisation du départ à la retraite doit être possible pour tous les revenus.
- Le taux de conversion : il n’y a aucune baisse possible du taux de conversion. Une baisse de 0.8% signifie pour les employés aux revenus modestes – dont une majorité de femmes – subissent des baisses de rente de 200.- par mois environ.
« L’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans ne saurait se justifier tant que l’égalité des salaires n’est pas une réalité. A défaut, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes représenterait une discrimination indirecte supplémentaire contre les femmes », explique Cesla Amarelle, vice-présidente des Femmes socialistes suisses.