Lors des élections cantonales du 6 octobre dernier, le Canton de Genève a vu diminuer pour la troisième fois consécutive le pourcentage des femmes élues au Grand Conseil qui passe de 28% à 25%. Au Conseil d’Etat, le nombre de femmes potentiellement éligibles pour le deuxième tour reste extrêmement modeste. En l’espace de quelques mois, voici trois élections cantonales (VS, NE et GE) dans lesquelles les femmes doivent se mobiliser non pour conquérir de nouveaux sièges mais pour préserver ne serait-ce qu’un siège à l’exécutif cantonal.
Depuis les années 1990, la représentation des femmes en politique stagne de sorte à constater qu’il n’y a pas de progression linéaire en matière d'égalité. L’accès des femmes au pouvoir politique a toujours et en tous lieux été difficile. Avec 29% de femmes représentées dans son parlement, la Suisse se classe à la 25ème place du classement mondial, soit en dessous du seuil critique des 30% considérés comme nécessaires pour que les femmes y soient réellement représentées. C’est bien au sein du pouvoir politique lui-même que les inégalités demeurent criantes.
Aujourd’hui, on observe même que les retours en arrière sont possibles, comme cela a déjà été le cas à Genève en 2001, 2009 et maintenant encore une fois lors du premier tour des élections cantonales le 6 octobre dernier. Le pourcentage des femmes a diminué de 28 à 25% au Grand Conseil. Le clivage entre la gauche et la droite est ici patent : alors que la gauche dispose d’une représentation paritaire au sein de ses élus (50% de députées élues pour les Verts, 47% pour le PS) ou à tout le moins d’une représentation féminine appropriée (33% de députées élues pour Ensemble à Gauche), la représentation féminine reste quasi-inexistante dans les partis de la droite bourgeoise et de la droite populiste qui souffrent d’un déficit criant en matière de parité (17% d’élues féminines pour le PLR, 18% pour le PDC, 18% pour l’UDC et 15% pour le MCG). Avec 25 députées, le Grand Conseil se trouve en dessous de la représentation des 30% nécessaire pour considérer que cette institution puisse refléter les intérêts, les besoins et les revendications des femmes.
Reste à espérer que Genève ne se retrouve pas le 10 novembre prochain avec un Conseil d’État uniquement masculin. Un possible retour en arrière à 2005 est une perspective inconcevable pour un canton qui, souvent, a été à l’avant-garde en Suisse en matière d’égalité. Par ailleurs, on imagine mal comment un canton pourrait être crédible avec un gouvernement où la moitié de sa population ne serait plus représentée. La candidature d’une personnalité politique solide telle que la socialiste Anne Emery-Torracinta doit servir à conjurer ce sort.