24/03/2015
Depuis maintenant plus de 15 ans, le Conseil fédéral s’appuie dans tous ses messages en lien avec les assurances sociales sur la promesse d’une retraite flexible qui prenne en considération la situation économique des personnes retraitées. Le projet « Prévoyance vieillesse 2020 » prévoit désormais le passage de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et la limitation de l’accès à la rente de veuve, avec à la clé une économie de près d’1 milliard de francs par an. Face à cette perspective que d’aucuns considèrent comme « normale » en prétendant que l’égalité des sexes face à la retraite serait ainsi entière, il est indispensable de mettre sur la table toutes les situations d’inégalités dans lesquelles se trouvent les femmes aujourd’hui.
Conscientes de la nécessité d’une réforme globale du système de prévoyance vieillesse, les Femmes socialistes suisses acceptent d’entrer en discussion sur le projet du Conseil fédéral. Toutefois, le projet ne tient pas compte de la situation réelle, et des inégalités auxquelles font encore face les femmes sur le marché du travail.Les Femmes socialistes suissesrefusent par conséquent le relèvement de l’âge de la retraite des femmes, tant que des engagements politiques fermes n’auront pas été pris dans le domaine de l’égalité économique entre femmes et hommes.
Les Femmes socialistes demandent que des mesures concrètes soient prises à différents niveaux :
Répartition des ressources
Tout au long de leur vie professionnelle et même à la retraite, les femmes sont pénalisées à cause des inégalités qu’elles subissent. La part imputable à de la discrimination pure en raison du sexe dans la différence de salaires entre femmes et hommes s’élève à environ 8%. Ce sont aussi les femmes qui sont en charge du travail de care, non-rémunéré et indispensable à la cohésion sociale. C’est pourquoi, il est indispensable d’instaurer :
- des contrôles obligatoires en matière d’égalité salariale et une harmonisation des pratiques de détection de ces inégalités
- une autorité de contrôle en matière d’égalité salariale, avec pouvoir de sanction, et dont le montant des amendes sera versé au fonds AVS
- l’augmentation des bas salaires, par le biais d’un salaire minimum par branche et la revalorisation des métiers typiquement féminins
- la reconnaissance du travail de care et sa prise en compte pour l’AVS.
Ces objectifs doivent être liés au projet de réforme de l’AVS comme le propose le modèle Gächter/Fehr (revenu de substitution).
Conciliation vies familiale et professionnelle
La conciliation de la vie professionnelle et familiale doit être traitée de manière à réaliser le principe «un enfant = une crèche» et un congé parental rémunéré de longue durée et reconnu par la prévoyance vieillesse. A défaut, ce sont les femmes qui souhaitent réintégrer le marché du travail ou augmenter leur taux d’activité qui sont pénalisées, non seulement sur le plan salarial mais aussi par rapport à leur future retraite.
Renforcement du 1er pilier
L’abaissement du seuil d’accès et de la déduction de coordination a pour effet, positif, l’extension de la couverture du 2ème pilier. L’amélioration ne sera toutefois que marginale pour les rentes des personnes à bas revenus. Les Femmes socialistes considèrent qu’il faut en priorité renforcer le 1er pilier, au lieu d’utiliser des ressources limitées pour maintenir le niveau de prestations du 2e pilier. En effet, l’amélioration des prestations du 1er pilier bénéficie à l’ensemble des femmes, ce qui n’est pas le cas du 2e pilier. C’est en ce sens que les Femmes socialistes soutiennent le projet AVSplus.